Préservation des membres : une chirurgie hautement spécialisée

chir membres 01Dernier recours avant l’amputation, le lambeau-pontage repousse les limites des traitements conventionnels. Les patients qui peuvent bénéficier de cette méthode innovante mise au point par l’équipe de Chirurgie vasculaire du CHRU de Nancy, ont des plaies nécrosées situées au niveau de la jambe, de la cheville et du pied.

Pied diabétique infecté, artériopathie des membres : la nécrose tissulaire est une situation grave du point de vue pronostique du membre et de l’espérance de vie du patient. Les techniques conventionnelles de réparation des artères ne sont pas toujours suffisantes car la cicatrisation de plaies étendues exposant des structures fonctionnelles importantes (vaisseaux, nerfs, os, articulations et tendons), reste difficile, voire impossible. C’est pourquoi le Dr Nicla Settembre et le Pr Sergueï Malikov, chirurgiens vasculaires au CHRU de Nancy, proposent une technique intitulée « flow-through flap ».

Le lambeau-pontage consiste, après avoir nettoyé la plaie, à greffer des artères et couvrir la plaie avec le grand épiploon ou le muscle. La couverture par lambeaux combinée à un pontage distal et / ou à une revascularisation endovasculaire, préserve les structures fonctionnelles sous-jacentes et assure le sauvetage du membre. Les indications de cette chirurgie complexe sont basées sur trois critères : type des lésions artérielles, caractère de la plaie et état physiologique du patient.

« La méthode est donc réservée à des patients sélectionnés en conséquence et au regard des apports attendus : soulagement de la douleur, cicatrisation des grandes plaies, autonomie et état fonctionnel améliorés, sauvetage de la jambe, durabilité des résultats, explique le Dr Settembre. Etudier la faisabilité du pontage est une étape très complexe, les caractéristiques anatomiques étant très variées d’une personne à l’autre. Il s’agit d’une chirurgie de l’extrême qui nécessite un plan stratégique opératoire personnalisé et en moyenne six heures d’intervention au bloc. »

Une amputation majeure diminue l’autonomie des patients, présentant souvent de nombreuses comorbidités ; peu d’entre eux sont capables d’une réhabilitation. Jacques, 78 ans, patient transféré d’un autre CHU, a été opéré en 2017 par les deux chirurgiens nancéiens. Son pied était menacé  d’amputation. « L’intervention est compliquée, l’équipe m’a donné toutes les informations nécessaires pour en comprendre les enjeux, témoigne-t-il. Je me suis senti soutenu et accompagné tout au long de la démarche, ma confiance était absolue. Et les résultats sont là. Ils ont sauvé mon pied et suite à la rééducation, il fonctionne normalement. Tous les professionnels de santé à qui j’ai affaire, médecins, kinés, saluent la grande qualité du travail chirurgical. »