Mars bleu, sensibilisation au dépistage du cancer colorectal

Une personne sur 30 concernée
mars bleu 03Avec 43 000 nouveaux cas et 18 000 décès par an en France, le cancer colorectal est, en termes d’incidence, le 2e cancer chez la femme (après le cancer du sein) et le 3e chez l’homme (après la prostate et les poumons). Une personne sur 30 sera touchée par ce cancer au cours de sa vie. Parmi les facteurs de risque : le terrain familial, une alimentation riche en graisse saturée, la consommation de viande rouge, l’obésité ou encore la sédentarité. « L’évolution naturelle du cancer colorectal est très lente, ce qui permet d’agir tôt et de façon efficace, souligne le Dr Anthony Lopez, hépato-gastro-entérologue au CHRU de Nancy. Lorsqu’apparaissent des douleurs abdominales, du sang dans les selles, une grande fatigue ou une perte de poids, c’est que le cancer est déjà à un stade avancé, compliquant la prise en charge. »

Un test simplifié
Tous les deux ans, un courrier est envoyé aux personnes âgées de 50 à 74 ans pour les inviter à réaliser ce dépistage. En Meurthe-et-Moselle, c’est l’ADECA 54 qui coordonne la démarche. Depuis dix ans, « Mars bleu » est la campagne d’information et de sensibilisation dédiée à ce dépistage.
« Aujourd’hui, le test est beaucoup plus simple d’utilisation, relève le Dr Lopez. Il nécessite un seul prélèvement : la personne pique une sorte de coton tige dans la selle et le place dans un tube à renvoyer par enveloppe au laboratoire. L’ensemble du matériel est fourni. »
« Ce test est beaucoup plus sensible et permet de détecter des traces microscopiques de sang dans les selles. En cas de résultat positif, la personne est orientée par son médecin traitant vers un hépato-gastro-entérologue à l’hôpital ou en ville afin d’envisager une coloscopie, dans le cadre d’un parcours individualisé. »

Un dépistage précoce pour un traitement efficace
« La coloscopie est indiquée pour trouver et retirer les polypes qui sont des tumeurs bénignes de quelques millimètres à plusieurs centimètres, avant leur évolution vers un cancer, explique le Dr Jean-Baptiste Chevaux, hépato-gastro-entérologue au CHRU de Nancy. À la fois outil de diagnostic et de traitement de première ligne, la technique peu invasive emprunte les voies naturelles. L’examen est réalisé sous anesthésie générale – une consultation avec un médecin anesthésiste est à effectuer avant, et se fait en ambulatoire : la personne arrive à l’hôpital le matin et repart le jour-même avec son compte-rendu. »

Durant les 48 heures précédant la coloscopie, la personne suit un régime alimentaire sans résidu (à base de pâtes et de riz). La préparation se poursuit avec la consommation de 2 litres de liquides la veille et de 2 litres le matin même. Depuis plusieurs années des préparations à faible volume (goût citron ou orange), associées à n’importe quelle boisson (eau, café, thé, infusion, soda…) sont disponibles.

« Le nettoyage du colon permet une meilleure visibilité lors de la coloscopie qui dure une vingtaine de minutes, précise le Dr Chevaux. Le CHRU de Nancy dispose d’endoscopes haute définition améliorant sensiblement l’exploration du colon. La caméra introduite par le rectum est associée aux instruments servant aux biopsies et à l’extraction des polypes qui seront analysés pour déterminer la surveillance à mettre en place pour le patient. »

Réhabilitation améliorée après la chirurgie colorectale
mars bleu 02Pour les tumeurs superficielles, l’intervention peut se faire par voie endoscopique. En revanche, lorsque le cancer est diagnostiqué, le patient est pris en charge par l’équipe de chirurgie digestive. Chaque situation est discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire pour décider de la stratégie thérapeutique la plus adaptée.

« Un diagnostic précoce permet notamment d’opérer par coelioscopie, technique chirurgicale mini-invasive qui laisse uniquement des petites cicatrices au niveau de l’abdomen, détaille le Dr Adeline Germain, chirurgien digestif au CHRU de Nancy. Notre service est labellisé en Réhabilitation Améliorée Après Chirurgie colorectale. Ce mode d’approche spécifique vise à limiter les complications post-opératoires et aide le patient à retrouver rapidement son autonomie : se lever dès le retour dans la chambre d’hôpital pour maintenir le tonus musculaire et une bonne respiration, gérer sa douleur de manière optimale, reprendre le plus tôt possible l’alimentation… En moyenne, la sortie est possible après 3 à 4 jours d’hospitalisation pour une chirurgie du colon. »

« Participer tous les deux ans au dépistage organisé, c’est permettre un diagnostic précoce du cancer colorectal et bénéficier ainsi de traitements efficaces et peu invasifs », concluent les trois praticiens. Si 50 % de la population ciblée adhérait au dépistage, la mortalité liée au cancer colorectal diminuerait d’au moins 20 %. »

En savoir + sur le dépistage du cancer colorectal : http://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-colorectal