La réalité virtuelle dans les soins aux brûlés

Depuis novembre 2017, le Centre de Traitement des Brûlés Enfants de l’Interrégion Est est équipé d’un dispositif de réalité virtuelle. Son utilisation permet de limiter la douleur et l’anxiété durant les soins. D’autres paramètres sont également étudiés par l’équipe du CHRU de Nancy.

brules RVEffet boule de neige
Le jeune patient s’installe en salle soins. Autour de lui, sa mère et les soignants de l’hôpital d’enfants. Une fois le casque d’immersion virtuelle revêtu, le voilà qui évolue en apesanteur au milieu d’un canyon glacé peuplé d’animaux rigolos. L’enfant vise et indique à sa mère souris à la main, sur quel personnage lancer les boules de neige.

Pendant ce temps-là, l’équipe examine la brûlure, réalise les soins et pansements nécessaires, évalue la qualité de cicatrisation. « L’immersion dans un univers virtuel ludique où l’enfant est actif, a un fort pouvoir de distraction, permettant ainsi de réduire le stress et la douleur*, souligne le Dr Laetitia Goffinet, coordinatrice du centre. La participation du parent au dispositif est importante pour lui éviter de transmettre son anxiété. »

Lancement d’une recherche inédite
« Au-delà de l’effet antalgique, la réalité virtuelle aurait des conséquences physiologiques comme une diminution de la tension artérielle. C’est l’objet de l’étude** que nous avons lancée en septembre 2018 explique le Dr Goffinet. Le principe est de surveiller les paramètres du patient immergé dans l’univers virtuel : la tension, l’activité du visage et l’activité électrodermale qui témoignent de l’état émotionnel. Il sera intéressant de relever s’il y a une différence entre l’évaluation faite par le patient lui-même de sa douleur via les échelles classiques, et les mesures réalisées juste avant, pendant et après l’immersion virtuelle. »
« La notion de douleur est multi factorielle et relève à la fois d’une représentation sociale, d’une représentation réelle nociceptive et d’un ressenti anxieux, propres à chacun. Tout ceci peut nous faire sous-estimer ou sur-estimer notre douleur. In fine, le protocole permettra de déterminer de quelle façon agit la réalité virtuelle et ainsi de définir au mieux sa place dans l’arsenal thérapeutique. »

* Résultats publiés en 2011 d’une étude menée par un psychologue américain ayant mis au point le logiciel de réalité virtuelle pour les centres de brûlés
** Protocole RIVE-B (Réalité Immersive VirtuellE) sur financement des fondations AGIPI et APICIL