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1 an de crise covid au CHRU de Nancy

14 mars 2020 : l’hôpital nancéen déclenche son Plan Blanc. Un an plus tard, l’épidémie est toujours là : les interventions chirurgicales non urgentes sont déprogrammées à 70 % et l’activité covid se maintient à un haut niveau de tension. Des professionnels témoignent et racontent leur vécu de la crise dans une série de podcasts. Premiers épisodes à écouter ici et sur la chaine YouTube du CHRU de Nancy.

Nouveaux épisodes chaque semaine

Épisode 18 : JOHN, responsable de l'assistance restauration « On a distribué plus de 52 000 repas médicaux dont 2 500 qui nous ont été distribués par les restaurateurs »

 

Épisode 17 : CORALIE, assistante de régulation médicale « C’était plus de 1 000 appels, c’était énorme, on était vraiment surbookés »

Épisode 16 : LAËTITIA, chef du service de génétique clinique « Face à une crise majeure, il peut y avoir une alliance équipe technique, équipe administrative et soignants »

Épisode 15 : GEORGES, ambulancier "On avait l’impression que les interventions que l’on faisait avant n’existaient plus"

Épisode 14 : SABINE, sage-femme "On avait besoin de passer du temps avec les patientes et de faire autre chose que le côté médical de notre travail : être dans l’accompagnement, le relationnel, dans l’écoute"

Épisode 13 : ÉRIC, menuisier "On est vraiment au coeur de l’épidémie à l’hôpital"

Épisode 12 : LAËTITIA, aide-soignante "Pas de toilette : un sac poubelle blanc, on écrit un nom dessus et salut"

Épisode 11 : VALENTIN, brancardier "Se retrouver du jour au lendemain à faire seulement notre travail, et plus rien d’autre à côté"

Épisode 10 : AGNES, auxiliaire de puériculture "Aller, pendant 12 heures je vais avoir ce filtre sur le nez qui n’est pas évident"

Épisode 09 : MAXIME, manipulateur en électroradiologie médicale "C’est une chaîne et chacun a son rôle, chacun est un maillon, et il faut que la chaîne tienne"

Épisode 08 : LAETITIA, acheteuse "J’ai ressenti que mon action avait de l’importance dans la chaîne de prise en charge des patients"

Épisode 07 : CEDRIC, virologue "Aujourd’hui, la fatigue commence à se faire ressentir, plus qu’il y a un an d’ailleurs"

Épisode 06 : FRANCOIS, étudiant infirmier "Matin et soir, je prenais une douche machinalement, par précaution et pour protéger mes proches"

Épisode 05 : MURIEL, auxiliaire de puériculture "On s'affolait tout de suite pour un petit peu de fièvre et un nez qui coule"

Épisode 04 : AXELLE, pharmacien assistant "Ce sont des personnes qui avaient peur de contaminer leur proche plutôt qu’eux"

Épisode 03 : ROMAIN, étudiant en masso-kinésithérapie "C'était plus de la réaction que de la réflexion"

Épisode 02 : SIBEL, ingénieur en biologie moléculaire  "Une envie commune de se débarrasser au plus vite du virus"

Épisode 01 : ALEXANDRE, chirurgien-dentiste "A 2h du matin, je me suis retrouvé en réanimation, à quatre pattes en train de scotcher une porte"

« Face à la première vague, nous avons su nous adapter en un temps record pour garder toujours quelques heures d’avance sur l’épidémie et éviter la submersion. L’hôpital est resté debout. La crise traversée collectivement a montré la capacité de nos équipes à faire face à l’incertitude, à se mobiliser et à s’adapter pour être en capacité de prendre soin des patients, parfois aux dépens de leur santé et malgré les risques encourus pour leurs proches. Depuis, l’hôpital se réinvente alors que cohabitent toujours covid et non covid. » C’est en ces termes que Bernard Dupont, directeur général du CHRU de Nancy, résume 12 mois d’une crise inédite en tous points.

Retranscription des témoignages : 01 Alexandre02 Sibel - 03 Romain - 04 Axelle - 05 Muriel - 06 Cédric - 07 François - 08 Laëtitia - 09 Maxime - 10 Agnès - 11 Valentin - 12 Laëtitia - 13 Eric - 14 Sabine - 15 Georges - 16 Laëtitia - 17 Coralie - 18 John

Se réorganiser face à la déferlante

Dès le début de la crise, les établissements de santé publics et privés des territoires GHT Sud Lorraine et Vosges s’engagent ensemble pour réorganiser l’offre de soins critiques. Le CHRU de Nancy augmente de 250 % son capacitaire de réanimation (165 lits dont 128 dédiés covid). En médecine, la montée en charge s’organise en un temps record : jusqu’à 167 lits sont dédiés aux patients covid-19 et des filières se déploient aux Urgences et à la Maternité. Fin octobre - début novembre, cette agilité de réorganisation permet d’affronter la deuxième vague : en 2 semaines, la capacité d’accueil en médecine covid est multipliée par 4 (100 lits) et presque doublée en soins critiques (110 lits). À nouveau, une filière covid est mise en place aux Urgences.

En mars 2020, le SAMU - Centre 15 doit tripler sa capacité de réponse face à la flambée des appels reçus chaque jour : jusqu’à plus de 1300 dont 800 liés au virus, contre une moyenne de 500 auparavant. Sur mars-avril, le Centre antipoison de Nancy (Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, région parisienne en garde mutualisée), traite 204 appels pour intoxication par solution hydro-alcoolique (l’équivalent d’une année entière), et 2 fois plus d’appels pour intoxication à l’eau de Javel.

Ressources humaines en actions

Réaffectations, recrutements, renforts extérieurs : ce sont plus de 2 300 professionnels et futurs professionnels qui sont mobilisés de manière exceptionnelle durant la première vague pour soutenir les équipes en première ligne.  La ressource humaine reste l’enjeu majeur de la crise et nécessite une réactivité maximale du CHRU, en lien étroit avec l’Université et les écoles paramédicales.

En seulement 72h, le CHRU de Nancy met au point une formation accélérée en réanimation pour des infirmier·e·s non spécialisé·e·s, appuyée par un compagnonnage dans les services de soins et du e-learning. À ce jour, près de 300 professionnels en ont bénéficié.

Déprogrammer, soigner à distance et éviter la perte de chance

8 000 interventions chirurgicales de moins qu’en 2019 : la baisse d’activité de 16 % en 2020 atteint 50 % dans certaines spécialités hors urgence. Depuis le 9 novembre, 50 % des salles de blocs opératoires sont fermées. L’activité chirurgicale hors urgences et cancer est déprogrammée jusqu’à 70 %.

Avec plus de 5 000 patients chaque année, le CHRU de Nancy est le premier établissement lorrain pour le traitement des cancers. En pleine épidémie, les équipes, comme dans toutes les spécialités, font tout pour maintenir les chirurgies urgentes et des actes en ambulatoire : réorganisations des parcours, réunions de concertation pluridisciplinaire en visio, collaboration renforcée avec l’hospitalisation à domicile...

Côté télémédecine, le nombre d’actes explose en 2020 : 31 368 contre 2 406 l’année précédente. Grâce à un déploiement massif dans 3 fois plus de services, 150 praticiens issus de 25 spécialités proposent ainsi à leurs patients adultes et enfants la téléconsultation à domicile. Depuis l’été, l’activité de télémédecine se stabilise autour de 2 000 actes chaque mois.

En coulisses, équipes techniques et logistiques soutiennent les soignants

Pousse seringues, pompes à perfusion, respirateurs, générateurs de dialyse, mobiles de radiologie… Les besoins explosent. En plus des mises à disposition gracieuses de partenaires, le CHRU de Nancy investit largement dans les équipements biomédicaux pour la covid-19 : 3,4 M€ soit plus du tiers des acquisitions 2020 quand celles-ci représentaient au total 4 M€ en 2019.

Pour les équipements de protection individuelle, le CHRU consomme chaque jour de la première vague entre 7 et 10 000 surblouses et 10 000 masques chirurgicaux contre 2 à 3 000 habituellement. Les hôpitaux doivent alors se montrer inventifs pour en diminuer l’usage, tout en maintenant le niveau de sécurité des soins. Avec le recours exponentiel à l’usage unique et l’arrivée massive de patients contaminés, les volumes des déchets d'activités de soins à risques infectieux (DASRI) sont multipliés par 2 en 48h. Leur collecte et leur élimination sont réorganisées de façon très réactive. En 2020, l’activité covid a généré à elle-seule 108 tonnes de DASRI.

Dématérialisation des réunions, déploiement en urgence du télétravail pour plus de 2 000 agents, développement de services numériques : les équipes informatiques du CHRU sont elles aussi à pied d’œuvre dès les premiers jours de la crise.

Dépister, sensibiliser et vacciner sur le territoire sud lorrain

En janvier 2020, le CHRU de Nancy envoie ses premiers prélèvements RT-PCR à l’Institut Pasteur à Paris. Face à l’évolution de l’épidémie, le pôle Laboratoires du CHRU développe sur place la technique d’analyse jusqu’à ouvrir fin avril, une plateforme dédiée avec une capacité d’analyse de plus de 2 000 tests par jour. À début mars 2021, ce sont plus de 131 000 prélèvements qui ont été analysés au CHRU.

Après le lancement en avril des équipes mobiles de dépistage et d’appui en hygiène & sécurité au service des 74 EHPAD de Meurthe-et-Moselle (10 000 personnes concernées dont 6 200 résidents), le CHRU poursuit ses actions de dépistage pour les EHPAD et établissements médico-sociaux (environ 3 000 dépistages par mois).

Les actions grand public se multiplient : le bus covid en juin sur la Métropole du Grand Nancy, la caravane info-covid tout l’été dans le département pour un total de 15 000 dépistages. Les actions ponctuelles sur les campus universitaires et dans les écoles se poursuivent avec en moyenne 1 500 dépistages par mois.

Avec l’arrivée des vaccins anti-covid, le CHRU lance le 31 décembre et le 4 janvier sa campagne de vaccination à destination de ses résidents en USLD, de ses professionnels de santé et ceux du territoire. À ce jour, plus de 40% des professionnels du CHRU de Nancy ont bénéficié d’au moins une injection.

Dates repères de la crise covid au CHRU de Nancy

Mars 2020 - février 2021 : 2 147 personnes ont été hospitalisées pour covid-19 ; 391 d’entre elles sont décédées.

NUIT DU 28 AU 29 FEVRIER 2020 : 1er cas covid confirmé, transféré depuis Reims

02 MARS : 1ère cellule de crise

05 MARS : 1er cas lorrain hospitalisé dans un état préoccupant (une femme résidant dans les Vosges)

14 MARS : Déclenchement du Plan blanc

15 MARS : Déprogrammation de toutes les activités non urgentes

17 MARS : Visites interdites à l’hôpital

29 MARS : Premier TGV sanitaire vers la Nouvelle-Aquitaine

11 MAI : Ouverture des centres de dépistage ; nouvelles organisations pour un reprise progressive d’activité

05 & 06 NOVEMBRE : Vol sanitaire pour l’accueil en réa de patients covid en provenance d’Auvergne Rhône Alpes

09 NOVEMBRE : Déprogrammation de 50 % des activités chirurgicales non urgentes

15 DECEMBRE : Plan Blanc déclenché face à l’augmentation progressive mais constante des cas covid

31 DECEMBRE : Lancement de la campagne vaccinale anti-covid

19 JANVIER : Ouverture d’une plateforme unique de prise de RDV pour la vaccination

01 MARS 2021 : L’activité covid se maintient en plateau, à un haut niveau

15 MARS : 25 000 injections vaccinales anti-covid réalisées à destination des professionnels de santé et du grand public